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Fragments - Alexandre LABORIE

Figure-toi un danseur de corde...

8 Juin 2011, 21:57pm

Publié par laborie.fragments

ALFRED DE MUSSET : Les caprices de Marianne.

Extrait. Acte 1. Scène 1

OCTAVE. – Figure-toi un danseur de corde, en brodequins d'argent, le balancier au poing, suspendu entre le ciel et la terre ; à droite et à gauche, de vieilles petites figures racornies, de maigres et pâles fantômes, des créanciers agiles, des parents et des courtisans ; toute une légion de monstres se suspendent à son manteau et le tiraillent de tous côtés pour lui faire perdre l'équilibre ; des phrases redondantes, de grands mots enchâssés cavalcadent autour de lui ; une nuée de prédictions sinistres l'aveugle de ses ailes noires. il continue sa course légère de l'orient à l'occident. S'il regarde en bas, la tête lui tourne ; s'il regarde en haut, le pied lui manque. Il va plus vite que le vent, et toutes les mains tendues autour de lui ne lui feront pas renverser une goutte de la coupe joyeuse qu'il porte à la sienne, voilà ma vie, mon cher ami ; c'est ma fidèle image que tu vois.

 

COELIO. – Que tu es heureux d'être fou !

 

OCTAVE. – Que tu es fou de ne pas être heureux ! Dis moi un peu, toi, qu'est-ce qui te manque ?

 

COELIO. – il me manque le repos, la douce insouciance qui fait de la vie un miroir où tous les objets se peignent un instant et sur lequel tout glisse. Une dette pour moi est un remords. L'amour, dont vous autres vous faites un passe-temps, trouble ma vie entière. Ô mon ami, tu ignoreras toujours ce que c'est qu'aimer comme moi ! Mon cabinet d'étude est désert ; depuis un mois j'erre autour de cette maison la nuit et le jour. Quel charme j'éprouve, au lever de la lune, à conduire sous ces petits arbres, au fond de cette place, mon chœur modeste de musiciens, à marquer moi-même la mesure, à les entendre chanter la beauté de Marianne ! Jamais elle n'a paru à sa fenêtre ; jamais elle n'est venue appuyer son front charmant sur sa jalousie.

.....

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J'ai plongé

5 Juin 2011, 19:37pm

Publié par laborie.fragments

J’ai plongé le cœur ouvert, encore une fois

Et ce que j’ai vu, je ne le regrette pas

La petite lumière au fond des yeux, toujours

Sur un visage neuf, sans peur du temps qui court

 

Oui, j’ai plongé sans réfléchir à autre chose

Sans me cacher, j’ai goûté la métamorphose

Celle du baiser rêvé qui un soir advint

Sur mes lèvres le même goût, précieux, divin.

 

J’ai plongé, dessinant d’une encre de caresse

Sur ta peau un désir fort et inattendu

Un chemin sur lequel s’est perdue la détresse

Cet appel à la fête nous l’avons entendu.

 

J’ai plongé, souviens toi, le soleil était là

Entre mer et montagne sous un bel olivier

Nous dominions la baie, je t’ai dit : « c'est ça…

la vie… 

ça serait triste un jour de l’oublier. » 

 

 

 

Alexandre LABORIE

Toulouse, mai 2011

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Et la mer, toujours...

28 Avril 2011, 21:41pm

Publié par laborie.fragments

Corps et fleurs qui hésitent…                                            .

Mais les longues journées                      

Les rassurent, les invitent à sortir.                                                             

Peaux.                                                     

Eblouies par la lumière                           

Comme les petits yeux du matin

Par les premiers rayons.

Peaux qui respirent

Se découvrant plus libres

Quand arrive la saison.

Après-midi.

Brin de musique légère

S’envolant dans un ciel

Parfumé de lilas, jonquille et primevère.

Vert tendre où je me couche, près du ruisseau.

Pas loin de moi, une bergeronnette, posée sur le bord, à l’affût des insectes.

Je l’observe et je m’endors.

Soleils.

Mêlés de flammes fonçant sur les volets, sous les vivas stridents des cigales.

Rayons enveloppant le sable ocre des arènes, à las cinco de la tarde.

Poussière douce se posant sur la peau,

Terrasse du soir retrouvant ses esprits,

Traces de feu enveloppées d’air frais,

Baume de romarin.

Feuilles fragiles à la merci du vent, consumées dans un feu dont la fumée s’imprime sur chaque vêtement. 

Air frais qui s’avance vers un soleil trop fier pour s’avouer vaincu.

Rouge et or comme un dernier salut.

Pluie en lumière.

Paix.

Equilibre provisoire.

Milliers de pointes glacées striant tous les visages.

Arbres nus, maigres et tendus, figés par le froid.

Chocolat chaud.

Chaleur cachée.

Valeur refuge.

Amis serrés autour de la table.

Cinéma cheminée,

Sur l’écran de leurs yeux, l’étincelle du feu.

 

Et la mer, toujours, quelle que soit la saison…

 

Alexandre LABORIE

Toulouse, mai 2011

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